La luxation sterno-claviculaire

Qu'est-ce qu'une luxation sterno-claviculaire ?


L’articulation sterno claviculaire est le point d’attache de la clavicule sur le sternum. Il s’agit d’une articulation mobile, dont les 2 parties sont solidement fixées par 4 ligaments : le sterno claviculaire antérieur, le sterno claviculaire postérieur, le costo claviculaire, l’inter claviculaire. La stabilité et la congruence sont améliorées par un ménisque. A l'arrière de cette articulation, se trouvent de gros vaisseaux et nerts, l'oesophage et la trachée.

La luxation sterno-claviculaire correspond au “déboîtement” de l’articulation et une subluxation à un “déboîtement” partiel.

Description des lésions

Même si elles sont 4 fois moins fréquentes que les luxations acromio-claviculaires, elles ne sont pas exceptionnelles car elles représentent 3% des lésions de l'épaule. Elles sont catégorisées ainsi :

1 : Les lésions traumatiques aiguës :


Le choc est souvent violent et survient lors d’un accident de la voie publique ou lors de la pratique d’un sport brutal. Il s’agit d’un mécanisme en compression / écrasement. En fonction de la direction des forces, plusieurs situations existent :

  • Les luxations antérieures : elles sont beaucoup plus fréquentes (75 %), moins dangereuses mais leur réduction est instable ; il s’agit parfois de subluxations.
  • Les luxations postérieures : elles sont beaucoup plus rares (25 %) mais très dangereuses. La clavicule se luxant vers l’arrière, peut léser ou comprimer, les voies aériennes, digestives, les vaisseaux ou les nerfs du membre supérieur du même coté. Leur réduction en revanche est plutôt stable.
  • 1 cas particulier correspond  à la luxation bipolaire, association de luxation acromio claviculaire et sterno claviculaire ( clavicule flottante).
 

2 : Les accidents anciens traumatiques ou non : 


Ces lésions sont essentiellement antérieures. La gêne étant principalement esthétique et rarement douloureuses, il peut s'agit de luxations passées inaperçues puis devenues irréductibles. Il peut s’agir également de luxations récidivantes gênantes, chez de jeunes sportifs, parfois chez des patients hyperlaxes ou porteurs de pathologies neurologiques ou rhumatismales.

Comment poser le diagnostic d'une luxation sterno-claviculaire ?


Le diagnostic est rendu difficile au cours de la consultation car la présence de l'oedème masque la déformation surtout dans les formes postérieures. Le Dr Sfez, chirurgien-orthopédiste des membres supérieurs, sera à la recherche de signes de complications : difficultés à respirer, à avaler, une paralysie du membre supérieur, des signes généraux de saignement.

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Quels examens complémentaires pour une luxation sterno-claviculaire ?


Le scanner est l'examen de référence tandis que la radiographie conventionnelle se révèle souvent insuffisante. Le scanner permet de visualiser la luxation, de comparer les images avec le côté sain, de déterminer la direction de la luxation et enfin de visualiser les rapports entre la clavicule et les éléments nobles en cas de luxation postérieure.

Quels traitements pour une luxation sterno-claviculaire ?


Le traitement entrepris par votre chirurgien-orthopédiste à Chantilly et à Tremblay-en-France dépend du type de luxation et de son ancienneté.

1 : Les luxations et subluxations récentes antérieures (présternales)


La réduction, aisée, est obtenue par traction sur le bras et appui vers l'arrière sur la clavicule. Cette réduction est néanmoins instable. Sur le long terme, la tolérance de ces lésions est souvent excellente ; le traitement de choix est ainsi l'immobilisation à visée antalgique à l'aide d'une écharpe pendant une dizaine de jours.

L'approche chirurgicale sera envisagée en cas de menace cutanée ou de lésion bipolaire. Elle vise à réparer les ligaments et à y associer un cerclage. Le matériel métallique est à éviter si possible, notamment les broches en raison du risque de migration et de complications par perforations d’éléments nobles.

2: Les luxations récentes postérieures (rétrosternales)


Pour augmenter les chances de succès, la réduction doit avoir lieu dans les 2 premiers jours. Votre orthopédiste spécialisé de l'épaule la réalisera au bloc opératoire sous anesthésie générale pour prévenir toute complication vasculaire démasquée par la réduction. La manœuvre consiste à tracter sur le bras en légère abduction et rétropulsion et à tirer sur la clavicule vers l’avant. On peut s’aider d’une pince à travers la peau. Une fois la réduction obtenue, celle ci est souvent stable. L’épaule est immobilisée en rétropulsion par anneaux claviculaires.

En cas d’échec ou de luxation vue tardivement, la réduction est chirurgicale en prévoyant dans le champs opératoire un abord possible des gros vaisseaux. La clavicule est réduite et un cerclage souvent associé. Les suites sont les mêmes.

3: Les luxations récidivantes


Les indications sont rares, parfois chez les sportifs de bon niveau. Les techniques de ligamentoplasties sterno claviculaires ne donnent pas de bons résultats. La technique de ligamentoplastie costo claviculaire de Booth et Rober à l’aide du muscle sterno-cleïdo-mastoïdien donne des cicatrices inesthétiques.

Nous préférons la technique de Burrows. Il s’agit de réaliser un cerclage entre la première cote et la clavicule à l’aide du tendon du muscle sous clavier dont une partie laissé inséré sur la cote et passé en boucle dans la clavicule.

4: Les luxations anciennes invétérées (non réductibles)


En cas de gêne importante, la seule intervention efficace consiste à réséquer la partie interne de clavicule et d’y associer une ligamentoplastie.

Quelles sont les complications éventuelles ?


Comme toute intervention chirurgicale, des complications sont toujours possibles, certaines sont générales, d'autres étant spécifiques à la luxation acromio-claviculaire. Parmi celles-ci, nous pouvons citer :

  • une lente disparition des douleurs en raison du délai de cicatrisation,
  • une fracture de la clavicule,
  • un arrachement du système de fixation,
  • l'apparition d'un hématome,
  • une cicatrice inflammatoire,
  • une infection post-opératoire dont le traitement d'autant plus aisée que le diagnostic est précoce
  • une algodysrtrophie, elle correspond à une épaule douloureuse chaude puis raide. Cette évolution est rare mais préoccupante ; elle peut s’étendre sur 18 mois.
  • une sensation de raidissement de l'épaule.

En résumé

Même si ces lésions sont rares, votre chirurgien-orthopédiste doit être attentif au diagnostic car les formes postérieures sont dangereuses. La tolérance des lésions antérieures non opérées est souvent tandis que la chirurgie est difficile.